Frères d'encre

Me voilà à nouveau sur ta tombe.

Tu es mort cet été, ivre de trop de vie.
L’Ill a recraché ton corps boursoufflé d’adolescence.

Dix-neuf ans. Jeune, comme tu le voulais.

Te souviens-tu de l’encre que tu déversais ?
De ces textes qui étaient des invocations au Démon ?
Te souviens-tu, Loïc, de ce jour où je t’ai dit que, puisque ton nom ne te plaisait point, je le prendrai moi, pour pseudonyme ? Tu as souri ce jour-là, me regardant comme un enfant.

Vois, aujourd’hui, je le fais, pour te rendre hommage, pour que tu vives encore un peu à travers moi.
Mais je ne prends que ton prénom, car tu ne m’as jamais dit que tu l’acceptais.

Vois, mon frère, je prends le nom d’un mort.